La rivière d’Auray et du Bono

Histoire de l’huître plate dans la rivière d’Auray et du Bono

Du Plessis (en rivière du Loch) et de Saint Avoye (en rivière du Bono) jusqu’à la pointe Lézard (en amont de Locmariaquer), sept bancs densément peuplés d’huîtres plates se succédaient en rivière d’Auray, formant une huîtrière quasi continue. 

La drague des huîtres y était abondamment pratiquée, régulée et très surveillée comme dans toutes les rivières environnantes jusqu’au milieu du 20ème siècle. Les huîtres étaient parquées dans les parcs de dépôts ou expédiées immédiatement. Elles étaient aussi revendues à d’autres ostréiculteurs qui pratiquaient l’affinage (rivière de Pénerf, rivière du Belon). Les bancs de la rivière d’Auray n’ont pas échappé à leur surexploitation et malgré les ordonnances limitant ou interdisant le draguage, les bancs se sont peu et peu épuisés. 

La rivière d’Auray et ses affluents a été comme la rivière de Crach le lieu de l’essor de l’ostréiculture ou de l’industrie ostréicole dont le but premier était de reconstituer les bancs pour garantir la ressource. De par la présence de ses nombreux bancs, même surexploités, et de sa configuration géographique, la production de naissains y était abondante. Dès 1861, les premières concessions y sont accordées : en 1875 le quartier maritime d’Auray compte déjà 300 concessions et en 1903 les seules rivières d’Auray et du Bono en totalisent 826 pour plus de 300 exploitants.
Jusqu’à 4,5 millions de tuiles furent posées au sein de ces deux rivières (3 millions à Locmariaquer et 1,5 millions au Bono au début du XXème siècle) le plus près et de part et d’autre des bancs naturels. Par crainte de de la disparition des bancs ou pour suppléer à leur absence, les ostréiculteurs constituaient des réserves d’huîtres mères autour de leurs parcs de captage.

En amont de Locmariaquer, les rivières étant assez étroites, les concessions étaient exclusivement réservées au captage des naissains. Plus en aval, sur les grandes vasières de Baden et Locmariaquer, les activités de captage et d’élevage y étaient pratiquées.

Jusqu’à l’arrivée du parasite Marteilia en 1974, l’activité de captage de naissains a participé à l’essor des communes de la rivière d’Auray. D’abord pratiquée en complément d’une autre activité (agriculture et pêche), elle devient après la seconde guerre un métier à part entière.

Sources :

  • Le Bono au temps des Forbans – Alain Brulé et Françoise Morio
  • L’ostréiculture de 1850 à nos jours – Jacques et Ronan Guillet
  • Histoire de l’huître en Bretagne – Olivier Levasseur
  • Les huîtres du Morbihan – Chasse Marée n°45

Locmariaquer

Située à l'embouchure de la rivière d'Auray, à la fois protégée mais tournée vers l'océan, Locmariaquer est un territoire privilégié pour le développement de l'ostréiculture. Les premières concessions furent délivrées en 1882 et trois générations s’employèrent à construire les parcs à huîtres plates sur le rivage de Locmariaquer Après 1927, Locmariaquer se spécialise surtout dans la reproduction et le demi-élevage. Dans le port, nombreux étaient les bateaux pour charger les huîtres qui étaient ensuite expédiées à Marennes, mais aussi les Pays-Bas et la Grande Bretagne. "Dans le Golfe, Locmariaquer devient un des centres les plus importants et il restera toujours le véritable centre de l'ostréiculture" (L'huître du Morbihan, P. Dalido -1948). Avant l'épizootie due au Marteilia en 1974, l'ostréiculture est alors prospère : 350 à 400 personnes travaillent “aux parcs”.

Le Bono

L'histoire de la commune du Bono et de ses habitants est indissociable de celle de l'huître plate. La rivière du Bono (et d'Auray) est habitée par de nombreux bancs d'huîtres plates, si bien que la pêche est y abondamment pratiquée (au râteau, à la drague, en aviron, à la voile puis en bateau moteur). A la fin du 19ème siècle, l'ostréiculture se développe avec l'activité de captage car les bancs se montrent féconds et généreux. Comme ailleurs, ce sont les notables qui fondent les premiers chantiers ostréicoles en employant du personnel qui comprendra vite qu'il peut travailler pour son propre compte. Ce sont d'abord les femmes et les retraités qui pratiquent cette nouvelle activité puis la voyant assez lucrative, les marins s'y intéressent davantage. Le premier terre plein est construit en 1869 juste en aval du pont (rive droite) et une maison de gardien y est adjointe. Un travail colossal de l'aménagement de la "côte" (ou estran) débute dans les années 1880 pour travailler dans de meilleures conditions (édifications de murs et de bassins en pierres sèches). Les cabanes ostréicoles, les bassins, les tuiles qui bordent encore les rives de la rivière du Bono témoignent de cette activité florissante qu'a été le captage de l'huître plate au 19ème et 20ème siècle.