La baie de Quiberon

Histoire de l’huître plate dans la baie de Quiberon

La baie de Quiberon abritait autrefois un large banc d’huîtres plates qui s’étendait de Saint Pierre Quiberon à Carnac. Ce banc a été abondamment exploité à la drague par les pêcheurs puis cédé progressivement à l’ostréiculture. 

La princesse Bacciochi, nièce et cousine de l’Empereur Napoléon Ier, fut la première à obtenir en 1861 une large concession (4000m de long sur 800m de large) en baie de Quiberon entre la pointe de Penn-Er-Lé et le fort de Penthièvre. Son objectif était l’établissement de parcs de reproduction et non le dragage des bancs naturels. L’attribution de cette concession n’a pas été bien perçue par les locaux qu’ils se sont vus confisquer une partie du littoral qu’ils exploitaient.

Cette concession semble ne plus être octroyée au début du 20ème siècle, puisqu’en 1912, le banc fut administrativement classé. Même si la pêche y est réglementée, des dragages intensifs y sont pratiqués : en 1920, on y récolte 250 tonnes. Les années suivantes furent maigres puisqu’en 1921, on n’en retira que 30 tonnes et en 1922, 7,5 tonnes. Après des années sans fixations de naissains, aucune pêche n’a été organisée sur le banc de Quiberon de 1929 à 1953. En parallèle s’est développé en baie de Plouharnel l’activité de captage de naissains sur tuiles sur parcs « découvrant » (9 hectares de parcs en 1930, puis 32 ha en 1950, 71 ha en 1965). 

En 1949, le banc est déclassé car les huîtres restaient trop peu nombreuses et les premières concessions dites « en eaux profondes » y sont accordées. Les trois premiers concessionnaires sont Mr Gouzer, Mr Cadoret et Mr Nolain. Ils ensemencèrent leurs parcs avec des huîtres du Golfe du Morbihan et même d’Arcachon. Après la présence de nombreux naissains suite à l’été 1952, un arrêté ministériel classa le gisement en voie de formation entre Port en Dro à Carnac et Beg Rohu à Saint Pierre Quiberon. La pêche y est à nouveau autorisée à partir de 1953 pour quelques jours par an. 

En 1963, l’appauvrissement constant du banc a conduit l’Institut des Pêches Maritimes à préconiser l’amodiation des bancs (concessions actuelles du CRC de Bretagne Sud) et leurs mises en concessions. C’est ainsi qu’a été créé le GOMEX (Groupement Morbihannais d’exploitation) par plusieurs ostréiculteurs actionnaires dont l’objectif était d’exploiter de manière durable leur concession. En 2025, cette concession existe toujours et elle représente encore un poumon de baie en termes d’apports de larves d’huîtres plates. 

Suite à la première épizootie du Marteilia en 1974 qui a décimé les huîtres et les gisements des rivières, de nombreux naisseurs des rivières de Crac’h et d’Auray se sont tournés vers le secteur de captage de la baie de Plouharnel, exempt de Marteilia. Ce captage sauva l’ostréiculture jusqu’à l’apparition du Bonamia en 1981 qui toucha également les huîtres en eau profonde. Suite à différentes mesures, à la ténacité des certains ostréiculteurs, la culture de l’huître plate put se maintenir. Le captage sur boudins de moules en suspension puis sur coupelles chaulées s’organisa.

La baie de Quiberon est aujourd’hui considérée comme le nouveau berceau de l’huître plate car la quasi-totalité des huîtres plates produites en France y naissent avant d’être expédiées vers la baie du Mont Saint Michel.